12me Régiment Etranger d'Infanterie

Crée 24-02-1940
Dissous 25-06-1940

Témoignage du commandant Louis Primaux 2Bat 7Cie

 

 

Né avant le siècle, Louis Primaux faisait son service militaire au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Sous-lieutenant en 1918, il avait gagné six citations et la croix de chevalier de la Légion d'honneur.
Après la guerre, il continua une carrière militaire, servant comme lieutenant et capitaine aux 1er et au 2eme régiments étrangers.
En garnison à Soissons à la déclaration de guerre, il participa, avec le 12eme R.E.I., à la défense de la ville.
Blessé le 14 juin 1940, il fut fait prisonnier.
Après la guerre, il quitta l'armée active avec le grade de commandant.

 

Acheminé vers le front par le train, puis par des autobus parisiens, le 2eme bataillon du 12emeR.E.I. débarque en lisière nord-est de la forêt de Villers-Cotterets, au lieu-dit «Verte-Feuille».

24-05-1940

C'est là qu'il reçoit sa mission, le 24 mai 1940:
«Occuper la ville de Soissons et en interdire l'accès à l'ennemi, entre Villeneuve-Saint-Germain à l'est et le pont de Pasly à l'ouest».

 

Le jour même, le chef de bataillon, son adjoint, le lieutenant Masselot, et le capitaine Primaux font les reconnaissances préalables. Le lendemain à 4 heures, le 2eme bataillon quitte la région de Verzy, où il bivouaquait, et rejoint ses positions à dix kilomètres plus au nord.

 

La 7eme compagnie est au centre du dispositif, en pleine ville de Soissons.
Elle doit interdire tout franchissement entre la passerelle des Anglais et le pont du chemin de fer.

La 5eme compagnie est à l'est et tient Villeneuve-Saint-Germain,

tandis que la 6eme, à l'ouest, défend l'accès du pont de la route de Laon et du pont de Pasly.

Dès son arrivée sur les bords de l'Aisne, le 2eme bataillon commence les travaux de défense. De jour, quand l'aviation ennemie ne se manifeste pas, et surtout de nuit, armés de pioches, les légionnaires creusent les emplacements de combat. Les bombardiers ne leur laissent guère de répit et infligent au bataillon ses premières pertes sérieuses.

06-06-1940

Le 6 juin, les dernières unités qui combattaient au nord de l'Aisne se replient et le génie fait sauter les ponts, certains d'ailleurs incomplètement, et sur lesquels l'infanterie pourra passer.

06-06-1940
07-06-1940
Nuit

Dans la nuit du 6 au 7 juin, le 2eme bataillon entre en action. L'ennemi, appuyé par l'artillerie, tente de franchir la rivière en plusieurs endroits. Les tirs d'armes automatiques et de grenades à fusil durent toute la nuit. Chaque tentative est repoussée vigoureusement, mais la 7eme compagnie doit évacuer plusieurs blessés, dont l'aspirant Loisel, chef de section.

07-06-1940

L’aube

Le 7juin à l'aube, l'aviation allemande multiplie ses interventions. Les Stuka piquent avec un bruit de sirène désagréable et lâchent leurs cargaisons de bombes. Mais de nouvelles tentatives de franchissement échouent encore.

Dans la matinée, des éléments d'infanterie, qui s'étaient infiltrés jusqu'à l'entrée nord du pont de chemin de fer, incitent par hauts-parleurs les légionnaires à se rendre.
La 7eme compagnie répond par une bordée de grenades à fusil et oblige les assaillants à s'enfuir.

 

Toute la journée, la compagnie se bat et interdit toute avance ennemie. Elle n'a plus de liaison avec le P.C. du bataillon, ni avec les unités voisines. Les demandes de renseignements restent sans réponse.

Dans l'après-midi, la pression ennemie s'accentue et le capitaine Primaux, informé par les bruits de la bataille, a l'impression d'être débordé tant à l'est qu'à l'ouest de Soissons.

07-06-1940

17h00

Vers 17 heures, le capitaine Fordes, commandant la 5eme compagnie, passe à son P. C. et lui dit qu'il a reçu l'ordre de se replier. Perplexe, le capitaine Primaux envoie son dernier agent de transmissions au P.C. du bataillon à Belleu, pour y chercher des renseignements et des ordres.

Pendant ce temps, la bataille fait rage. L'ennemi a déjà franchi l'Aisne à Villeneuve-Saint-Germain et dans la région de Pasly. On entend les bruits d'engins motorisés qui ont dépassé nettement nos propres posi¬tions. L'étau se resserre et l'encerclement est imminent.

07-06-1940

19h00

Vers 19 heures, la 7eme compagnie manque de munitions. N'ayant plus de liaison avec quiconque, le capitaine Primaux décide de quitter ses positions et de tenter de rejoindre le régiment, en évitant les éléments ennemis qui l'ont déjà nettement débordé.

Le repli s'effectue sans trop de dégâts à travers la ville. L'intention du commandant d'unité est d'atteindre Berzy-le-Sec, ancien P.C. du régiment. L'aviation est toujours très active et ralentit beaucoup la progression de la compagnie.

07-06-1940

21h00

Vers 21 heures, la section de tête atteint Berzy et n'y trouve personne. L'isolement est total.

Le capitaine ignore tout de la situation des autres unités du régiment, ainsi que de la direction prise par le P. C. de son bataillon. Il pense un instant organiser la résistance surplace, le terrain étant favorable. Mais sa solitude et la pénurie de munitions le contraignent à renoncer à ce projet.

Il décide alors de continuer sa progression vers le sud, en profitant de la nuit pour rejoindre les lignes amies.

08-06-1940
02h00

Le capitaine Primaux est depuis quelques années à Soissons et connaît très bien la région. Cela lui permet d'éviter les villages qui sont déjà aux mains de l'ennemi. A 2 heures du matin, il prend contact avec les premiers éléments de son régiment, dans la région de Villers-Hélon. Quelques instants plus tard, il est conduit auprès du colonel.

-Je suis content de vous voir, Primaux. J'ai transmis l'ordre de repli aux différentes unités. L'exécution en était fixée à 10 heures du matin, hier.

-Je ne l'ai jamais reçu, mon colonel. J'ai quitté Soissons à 19 heures. -Bien ! Allez-vous reposer, car nous repartons dans peu de temps.

 

Une heure plus tard, ce qui reste de la 7eme compagnie reprend la route. L'Aisne, laMarne, l'Yonne...

 

Le 12eme régiment étranger d'infanterie continuera de se battre jusqu'à l'armistice, livrant sans désemparer des combats d'arrière-garde.

 

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Bronnen:

[1] numéro 255 de Képi-Blanc (juillet 1968).