GARNIER Charles
aspirant du 12me Régiment Etranger d'Infanterie
Un décret
du 10 octobre 1942 a conféré
à titre posthume la médaille militaire, avec le motif suivant,
à l'aspirant Charles
Garnier, du 12me Régiment Etranger d'Infanterie :
« A su donner à ses Légionnaires un magnifique exemple de devoir et de mépris du danger en défendant jusqu'à la mort le pont de Pasly-sur-Aisne, dont il devait interdire
le passage à l'ennemi
».
Ce jeune officier fut, dans sa mort comme dans sa vie, un sujet exceptionnel. Il possédait au plus haut point le culte du « Beau ». Sa vie tout entière
en fut imprégnée.
Elève du lycée
Carnot à Paris, il y
fit toutes ses études jusqu'à la philosophie. Après deux ans de prépara-tion à Louis-le-Grand, il entre à Normale Supérieure en
1935. Hellénisant de grande valeur,
il passe avec succès son agrégation en 1938, ce qui lui vaut une place de professeur à Evreux, où il consacre
ses loisirs à la préparation de l'école d'Athènes. Il y part bientôt et fait un long voyage d'étude en Grèce et rédige un important mémoire sur la civilisation des Thraces.
La déclaration de guerre de septembre 1939 interrompt ses travaux et la mobilisation l'appelle à
Saint-Maixent avec le grade d'aspirant.
Janvier 1940 le
voit jeune marié et officier du 12eme R. E. I., alors à l'entraînement au
camp de Sathonay, L'aspirant
Charles Garnier est pleinement satisfait de son sort ; depuis toujours, il éprouvait une admiration sans borne pour ce corps d'élite, fourmilière ,de héros.
En juin
1940, son unité part
pour le front et débarque
vers Darmartin-en-Cochelle.
Sa mort
Juin
1940, la Wehrmacht vient
de lancer sa gigantesque
offensive et les panzers
sillonnent les routes du Nord
de la France. Des villes et des villages de chez nous ont revécu les heures tragiques de la grande
guerre. Comme en 1914, l'Aisne
a fait son devoir de fleuve français en opposant ses eaux flegmatiques
à l'avance des divisions
allemandes.
A l'ouest de Soissons, la situation est particulièrement critique; l'artillerie ennemie a entrepris un sérieux matraquage en face du
pont de Pasly que défend
le 12eme R. E. I. La violence du pilonnage est telle, que l'imminence d'une attaque
allemande en vue d'établir une
tête de pont se précise
de plus en plus.

Soissons Le pont de Pasly
On demande des volontaires, afin
de reconnaître l'emplacement
et la force des éléments qui
nous menacent. Une dizaine d'hommes sortent des rangs et, parmi eux, Charles Garnier qui doit à son grade et à son idéal de vie de mettre ses actes en rapport avec son sens de l'honneur. Il partira avec le sergent Prieur et un autre Légionnaire.
Dernier sacrifice
Les
obus continuent de pleuvoir
comme grêles, les corps des trois
hommes bondissent et retombent comme mus par une mécanique bien réglée. Ils sont maintenant à près de 200 mètres du pont.
Le sergent Prieur, qui s'étonne de n'avoir pas vu l'aspirant
Garnier profiter d'une légère accalmie pour bondir en avant, revient sur ses pas.
L'aspirant Garnier étreint
la terre dans un geste d'ardente possession. Il vient d'être
blessé mortellement par
un projectile de Minen-Werfer,
mettant un sublime point final à sa vie de soldat et à sa vie d'officier de Légion.
Son
corps fut ramené dans nos
lignes par le sergent Prieur, avec le cadavre
du Légionnaire tombé
lui-aussi aux côtés de son chef. Nous sommes au 10 juin 1940, l'attaque ennemie se déclenchera le soir-même, mais notre commandement a en sa possession
les renseignements qui
lui sont nécessaires.
Le D.C.R.E. honore
la mémoire de Charles
Garnier
Au
cours d'une brève et poignante cérémonie qui s'est déroulée
au Musée du Souvenir de Sidi-Bel-Abbès, Mme Garnier, mère du jeune officier, a remis au colonel
Gaultier, commandant le
D.C.R.E., un cadre contenant une photographie et quelques textes manuscrits de l'aspirant Garnier qui entre désormais dans la
grande famille de ceux dont la Légion s'honore d'avoir comptés dans ses rangs.
28 Novembre 1946.
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