Ces Hommes de la Légion
qui meurent pour la gloire!

Antoine Ysquierdo

 

Les chemins de la Victoire
p 131 -p 132

18.11.1944
C'était le 19 novembre 1944...
Mes compagnons et moi, qui ne sommes pas des historiens, laissons les bilans, les plans et les lauriers aux rédacteurs de cabinet...
Nous ne traitons ici que d'une affaire de famille, cette grande équipe de légionnaires qui, depuis l'Afrique, partageaient le même destin.
Il s'agit de notre compagnie, la 2e du R.M.L.E., Combat Command no5, appelée pour dégager la progression arrêtée.
Presque à la tombée du jour, nos éléments tombaient sur un os: un fort, dans la forêt de l'Oye, et tout autour, une position soigneusement aménagée avec des tranchées camouflées, des blockhaus enterrés et de nombreux snipers impossibles à repérer et qui pratiquaient fort bien le tir au pigeon!... Tout cela était pour nous... Pas question de passer au travers, même avec des chars, et nous sur nos half-tracks. Pied à terre donc et hardi la voltige!... classique!... En moins d'une demi-heure, nous avions compris, alignant nos tués et nos blessés sur les bas-côtés de la route.
Dès le premier contact, le lieutenant commandant la première section était tué ainsi que son adjoint - un adjudant - et deux autres chefs de section. Une dizaine de voltigeurs étaient hors de combat. Et sans progresser d'un seul mètre, et sans savoir d'où venaient les coups!...
Impossible d'aller de l'avant dans ces conditions; il fallut attendre l'intervention d'un énorme obusier américain dépêché sur les lieux...
Pendant ce temps, notre capitaine suivi du sergent-chef Gavilan qui ne le quittait pas d'une semelle, descendait de son half-track et se portait vers nos éléments les plus avancés. Il voulait voir... imperturbable, debout au milieu de la route, scrutant à la jumelle les lisières se terrait l'ennemi. Une cible idéale qui s'offrait aux snipers ennemis, parfaitement identifiable par son attitude et sa tenue, celle d'un officier, téméraire en la circonstance. Deux coups de feu, et deux corps sans vie l'un près de l'autre, sur la route. Le capitaine et le chef Gavilan tombaient au champ d'honneur...
Ce qui ne démoralisa pas pour autant les légionnaires enragés. L'intervention de la grosse artillerie eut raison de cette résistance et, à la nuit, le sergent-chef Papp, presque à bout de munitions, parvenait à capturer tout un groupe ennemi fort d'une quinzaine d'hommes qui tentait de se replier à la faveur de l'obscurité.

Notes

- The date indicated by Ysquierdo in his book is not correct this should be 18.11.1944.
- The name of the fort is written in the JdM of the RMLE as Fort de Oie. On the maps of the JdM as Fort de Oye.
The correct name is: Fort du Bois d’Oye.
- In casualty list of the JdM on that day, following names can be found.
GABLE           Robert Sgt-Chef          2me Cie           18.11.1944      Fort de l'Oie
MARCHANOFF        Jean     Sergent            2me Cie           18.11.1944      Fort de l'Oie
AGUIARD      Roger   Cne      2me Cie           18.11.1944      Fort de l'Oie
DELY  Michel  Lt         2me Cie           18.11.1944      Fort de l'Oie
The captaine in the above account can thus be identified as AGUIARD,
the lieutenant as DELY or Dély
The names GABLE and GAVILAN of the sergent-chef are most likely referring to the same person.
An indication of an adjudant killed was not found.
Sergent MARCHANOFF is most likely one the chefs de section.
Do you have further information please write to: Nllegioen@hotmail.com

 

1944 1er REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE – JMO
Opérations du S/Groupement Daigny

18 novembre 1944
Le Sous-Groupement fait mouvement de bonne heure, et traverse de Montbéliard en fête. Il est mis aux ordres du Colonel Bourgin.
11 heures 45. — 2 reconnaissances sont découplées, l’une aux ordres du Capitaine Aguiard comprenant entre autres le Peloton Light de la Ferté, et l’autre aux ordres du Lieutenant d’Espaigne composée de son Peloton et de la Section Dély.
L
a première reconnaît la piste Sud-Nord qui débouche face au Fort du Bois d’Oye ; la seconde la route Grand Charmont - Adoncourt et la piste Est-Ouest qui rejoint celle reconnue par le Détachement Aguiard.
Le Capitaine Le Jariel commande provisoirement le Sous-Groupement à partir de midi.
Les reconnaissances rendent compte : la première signale des mines et des abatis, la seconde rien. Après déblaiement par le Génie, les reconnaissances se rencontrent.
Le Capitaine Aguiard prend la tête et entraîne d’Espaigne. Sur ordre, le Sous-Groupement fait mouvement et colle aux reconnaissances. La piste est étroite, boueuse et encombrée d’abatis nombreux ; le Génie s’active. Les chars, portant sur les plaques-moteur l’Infanterie, contournent les barricades et progressent lentement ; aucun véhicule ne peut les suivre.
L’heure avance et il paraît impossible de déclencher l’attaque du Fort avant la nuit. Le Capitaine Perrin, qui commande à nouveau le Sous-Groupement, accompagne l’élément d’Espaigne.
Le Capitaine Aguiard a précédé cet élément, s’est heurté à des résistances sérieuses et a été tué.
Les chars du Peloton d’Espaigne, à coups d’explosifs, attaquent casemates, tranchées et barbelés. Ils atteignent la lisière à 200 mètres du Fort, et y sont accueillis et arrêtés par des feux nourris provenant du Fort et de la contre-pente qui en précède l’accès : ils y répondent par un violent pilonnage des abords.
Le Peloton de Salins a pendant cette action, été détaché au bénéfice d’un Goum.
Une action locale vers le Nord-Est permet la destruction d’une casemate et assure temporairement la sécurité dans cette direction.
Le Capitaine Le Jariel, resté à la base de départ, c’est-à-dire au point les véhicules semi-chenillés ne peuvent poursuivre leur progression, décide de rejoindre le Peloton d’Espaigne et le Commandant du Sous-Groupement. Arrivé à la nuit derrière d’Espaigne, il constatera que le Fort ne peut être pris dans la presque obscurité, que les 5 chars dont le sien ne sont gardés que par 20 hommes, que l’ennemi est à 30 mètres, convenablement enterré, et que 2 mitrailleuses allemandes tirant du Fort, très probablement sous abri, rendent la position peu confortable.
Le Lieutenant Dély vient d’être atteint de 2 balles à la tête, il mourra 2 jours plus tard.
Le Capitaine Perrin ne veut pas laisser la Section sans chef à l’heure dangereuse et la rejoint. Sur sa demande, le Capitaine Le Jariel réclame par radio de l’Infanterie de soutien et des munitions ; la 2ème Compagnie envoie les 2 Sections qui lui restent.
Un Lieutenant, observateur d’Artillerie vient d’être tué sur la piste, 2 Légionnaires dépouillés de leurs armes, des infiltrations ennemies se produisent et sont annoncées par radio.
Il semble d’ailleurs que la colonne de véhicules, devra s’allonger interminablement entre 2 taillis très denses, et que le point d’appui sera difficile à établir. Par contre, il paraît fâcheux de perdre le bénéfice si coûteux du déblaiement de l’après-midi. Cependant d’accord avec le Capitaine Le Jariel et en raison de l’instabilité de la position de l’élément d’Espaigne, le Capitaine Perrin décide de se replier sur le gros du Sous-Groupement.
Avant de faire demi-tour, une patrouille de Légionnaires fait 15 prisonniers.
Le Sous-Groupement s’installe pour la nuit tous éléments rassemblés.
19 novembre 1944

L’attaque du Fort est décommandée.
Le Sous-Groupement reste sur place et fait une brève toilette.
Le Chef de Bataillon Laimay prend le Commandement.

Reference: Chars français - 1944 1er REGIMENT DE CHASSEURS D'AFRIQUE - JMO